Souvenirs de l'Hôpital Saint Sauveur

Par le Docteur Marcel Héraud, Administrateur de notre Association.

L'Hôpital Saint Sauveur a disparu et il ne subsiste qu'un modeste Pavillon pour rappeler l'existence de ce lieu vénérable. Le vieux praticien a passé plusieurs années de sa jeunesse entre les murs et il se plait à les évoquer non sans nostalgie. Les confrères de notre génération ont fréquenté le petit amphithéâtre peu confortable lors des leçons cliniques. Dans la Salle Saint-Louis, ils ont accompli leurs premiers gestes médicaux depuis l'injection intra-veineuse jusqu'à la ponction lombaire. Dans la Salle Folet, ils ont fait des pansements, posé des platres et donné, non sans appréhension, des anesthésies au Schleich avec le masque d'Ombredanne. Ils ont connu de " grands Patrons " et des maîtres en Chirurgie que furent les professeurs Oscar Lambret, Emile Delannoy et Pierre Swynghedauw. En Médecine, ils ont bénéficié de l'enseignement de pédagogues passionnants. Il y avait en ce temps là Georges Carrière, le clinicien polyvalent, René Pierret, le pédiatre, Edmond Doumer, le cardiologue ou Charles Auguste, le gastroentérologue. Les vieux praticiens ne sauraient oublier de rappeler la collaboration des religieuses augustines au profond dévouement. Deux d'entre-elles restent graver dans nos mémoires. Sœur Marie-Léontine soigna les malades " jusqu'à l'usure totale de ses coxo-fémorales " tandis que Sœur Marie-Raymonde, appelée plus familièrement " Sœur Catgut ", fit preuve pendant la guerre d'un courage exemplaire. Elle fut décorée de la Légion d'Honneur.

Lors de sa garde, l'interne découvrait un modeste logement avec un lit, une table, un réchaud et un lavabo. On y accédait par un escalier aux marches périlleuses déconseillé aux faibles de constitution. Lors des repas pris en commun, on y retrouvait une ambiance propice à la détente. Des aînés aimaient à raconter quelques unes de leurs facéties d'avant-guerre visant les poules du sacristain de St Sauveur ou les pots de fleurs de Sœur Marie-Omérine.

En 1953, médecine et malades gagnaient le Centre Hospitalier Régional. Après 7 siècles d'existence, l'Hôpital Saint Sauveur fermait ses portes.

Article publié dans le Bulletin de l'Association des retraités et allocataires de la C.A.R.M.F. de la Région Nord-Picardie. n° 44. Octobre 2007.

Reproduit avec l'aimable autorisation de son auteur.

Sœur Marie-Raymonde, appelée plus familièrement " Sœur Catgut "