Lille - Le Béguinage ou Hôpital Sainte Elisabeth

Le Béguinage à Lille

Le Béguinage de Lille fut fondé en 1234 par la Comtesse Jeanne de Flandre et sa sœur Marguerite et abritait quatorze femmes de condition modeste. Elles occupent un terrain compris entre les rues du Metz, Saint Sébastien, rue Princesse, qui comprend une rangée de 16 petites maisons, une chapelle, un jardin. L'octroi de rentes et dons leur permet de subsister. Le Béguinage est dédié à Sainte Elisabeth comme tous les béguinages.

Cette maison, destinée aux veuves ou filles de bonne famille ne pouvant se marier faute de dot, ni être religieuses faute de vocation ou de place dans les couvents, leur permet de vivre en communauté sans obligation de prononcer de vœux religieux, en menant une vie consacrée à la prière, aux œuvres de charité. Elles sont soumises à une maîtresse, assistent aux offices en mémoire aux fondateurs et donateurs, travaillent pour leur entretien, ont un logement individuel dans un domaine clos, peuvent en sortir mais doivent y rentrer à une heure indiquée selon la saison. En 1401, une ordonnance de Philippe le Hardi précise que désormais les béguines doivent payer 12 livres parisis pour y être admises. Le but de la fondation a donc été modifié puisque les Comtesses Jeanne et Marguerite voulaient y accueillir des femmes de grande pauvreté.

A la Révolution, les Béguines n'étant pas religieuses restent en place mais ne reçoivent plus leurs rentes. On y recueille femmes pauvres, malades, infirmes, veuves et jeunes filles sans protection. La chapelle est fermée, l'orfèvrerie confisquée. Le 17 juin 1796, l'administration municipale décide que le Béguinage et un établissement hospitalier et confie sa gestion à la Commission administrative des Hospices Civils de Lille. Il est désormais considéré comme un hospice pour des femmes ayant une situation financière précaire.

Le 2 juin 1841, Louis Philippe signe la suppression du Béguinage "par voie d'extinction", c'est-à-dire en ne remplaçant pas les béguines décédées. En 1855, quatre béguines sont encore en place quand une offre intéressante de rachat du terrain est faite aux Hospices afin d'y établir un entrepôt général de boissons alcoolisées : trois Béguines se retirent alors à l'Hospice Gantois, la quatrième demande un logement en ville avec une pension plus élevée que celle de ses consœurs. Les revenus du Béguinage sont affectés aux l'Hospice des Vieux Hommes (5 lits), à l'Hospice Gantois (5 lits).

Il fut démoli en 1855 à cause des charges trop lourdes qu'il entrainait pour l'administration hospitalière. La dernière maison de béguine, celle de la Portière, disparaitra lors d'un incendie en 1957.

Sources :

  • Inventaire analytique et chronologique des archives hospitalières de la ville de Lille. 1236-1790. 1871.
  • Les origines de l'administration hospitalière de Lille. Archives municipales de Lille 5M1.
  • Dix siècles d'histoire hospitalière lilloise. Contact, n°36. Mars 1981.
  • Aelbrecht-Duhamel, Brigitte. L'histoire des hôpitaux à Lille de 1066 à 1477. Thèse pour le Doctorat en Médecine. Lille, 1990.
  • Gérard. A. Une institution charitable méconnue : le béguinage de Lille (1245-1841). Revue Histoire des sciences médicales. 1983, 17 (3), pp. 223-230.
  • Lecerf Véronique. Histoire d'une institution charitable lilloise : le béguinage. Thèse pour le doctorat en Médecine. Lille 1982.